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Mercredi 3 avril 2024 de 10h à 12h

Mercredi 3 avril 2024 de 10h à 12h

Participez à cette rencontre avec des collégiens qui font un travail mémoriel autour de la Shoah et particulièrement sur l'histoire de Rachel Taytel et de sa famille déportés en en 1944 à Auschwitz

Au programme :

  1. La présentation du travail mémoriel par les élèves de la classe de 3e Rachel Taytel
  2. La projection du film « Rachel »
  3. Échanges avec les élèves et leurs accompagnateurs

Histoire de Rachel Taytel et de sa famille

RACHEL, DE TEUILLAC, NOTRE HISTOIRE

Parmi des millions de martyrs, il y eut Rachel.
Une petite Rachel de Teuillac assassinée à 16 ans à Auschwitz. Une petite française qui passa son Certificat d’Etudes Primaires à l’Ecole de Filles de notre village. Une petite française qui fut la seule enfant de la commune à porter l’étoile jaune.

David, Myrla et Rachel TAYTEL arrivèrent à Teuillac en octobre 1939 venant de Villerupt (54). La France évacuait les populations des zones situées entre la ligne Maginot et la frontière allemande.
Tout leur viatique tenait dans une seule malle en osier. Ils habitèrent au lieu-dit Le Pont, près du lavoir, une petite maison réquisitionnée par la mairie.

Teuillac, 620 habitants en 1939, accueillit 162 réfugiés aux multiples nationalités et parmi les français, la famille TAYTEL. David était né en 1903 à Gruenvoszon et il était Russe à sa naissance. Myrla était née Ajzenman à Lodz en 1901. Rachel est née en 1927 à Lodz et arrive à Teuillac à l’âge de 12 ans.

En 1919 renaît un Etat polonais avec le Traité de Versailles. Une Pologne que vont tenter de fuir les populations victimes d’un antisémitisme profond. David va répondre à l’appel de la France qui a besoin de reconstituer ses troupes coloniales après 1918 et notre pays offre aux étrangers la possibilité d’acquérir la nationalité française pour eux et leur famille. David TAYTEL va ainsi servir la France pendant 5 ans pour des campagnes de « pacification » au Maroc et en Algérie.
A sa démobilisation, devenu français, il fera venir sa femme et sa fille. Ils s’installeront chez des parents de Myrla à Jarny (54). Puis ils habiteront 3 rue Clémenceau à Villerupt. David occupera un emploi de chaudronnier dans une grande usine métallurgique. Et puis, après leur déracinement de Lodz ce sera un deuxième exode vers le Sud-ouest de la France.

A Teuillac, David et Myrla seront ouvriers agricoles. Travailleurs à la journée dont se souviendront Paul Robert, Victor … et quelques autres petits propriétaires viticulteurs du bourgeais.
Rachel est sur les bancs de notre école avec Huguette, Geneviève, Marie-Louise … ces personnes qui, devenues âgées, des larmes plein les yeux, nous parleront, après un silence de 40 ans, de cette petite Rachel, leur camarade de classe !
Il y a les lettres de Denise, Huguette … retrouvées dans la malle. Une multitude de photos, pour la plupart empreinte du silence d’une histoire que je veux chercher encore. Au dos de ces photos il y a ces mots intimes écrits en polonais ou en yiddish.

Ils quitteront Teuillac dans la nuit du 10 au 11 janvier 1944 arrêtés par les gendarmes français sur instruction du Secrétaire général de la préfecture de la Gironde, Maurice PAPON.

Transférés sans bagage à la synagogue de Bordeaux (dévastée par les nazis pour en faire une prison) puis, par les services de la SNCF, ils seront amenés à Drancy. Drancy où on va les dépouiller de leurs économies : 4 235 Fr (750 € 2018).
Puis ce sera le convoi n° 66 : un total de 1 368 hommes, femmes et enfants. En 1945 il ne restera que 47 survivants de ce convoi. Le convoi n° 66 arriva le 20 janvier 1944 à Auschwitz-Birkenau. Les matricules 11260, 11261 et 11262 (David, Myrla et Rachel), répertoriés comme landwirt (paysans) et, considérés comme inutiles aux industries proches du camp de Birkenau, seront conduits immédiatement à la « douche » des chambres n°1 et n°2 du crématoire IV pour subir l’ignominieuse barbarie d’une haine institutionnalisée.

Le nom de Teuillac est bien dans les archives du mémorial à Auschwitz ; les cendres de Rachel et de ses parents sont dans la tristesse infinie de cette plaine de Birkenau. Je suis allé, avec un de leur deux chandeliers du sabbat, allumer une flamme que mes larmes n’éteindront jamais.

Ils ont été assassinés le 20 janvier 1944, ils étaient partis de Teuillac le 10 janvier de cette année-là. Au soir de leur départ Jeannette se souvenait d’avoir embrassé Rachel. C’était Gabriel GOUJON, maire de Teuillac, qui avait accompagné les gendarmes au domicile des TAYTEL. Il avait obéi aux instructions de la Sous-préfecture de Blaye lors du recensement des « Israélites » en 1941. Il avait obéi à la demande de Maurice PAPON en janvier 1944.

Depuis 1978 la malle de la famille TAYTEL est devenue, par hasard, la hotte du Père Noël. Père Noël qui distribue, chaque année, aux enfants de notre école des cadeaux qu’il sort de cette malle en osier où il y avait, entre autres, les cahiers de Rachel.

Je raconte et raconte encore cette famille française de Teuillac pour parler de Rachel. Elle est notre histoire à tous. Depuis des années j’essaie, par des mots, de rendre à Rachel la vie que nous lui devons … et à travers elle parler de tous les martyrs de la shoah.

Demain, des enfants de mon école vont entreprendre, à ma place, ce voyage de mémoire pour se hisser à la hauteur de cette tragédie. Ils ont touché les cahiers de Rachel, visité sa maison, regardé les photos et, sans comprendre vraiment la barbarie du génocide, ils ont accepté d’être la vie de Rachel.
Demain ils vont raconter à d’autre enfants … RACHEL, de Teuillac.

Alain PONS
Maire Honoraire de Teuillac
Teuillac le 7 mars 2019

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